On a vu dans notre article précédent (« Pourquoi et en quoi les questions de démocratie et de monnaie sont liées ? ») que Monsieur Stiglitz, Prix Nobel d’économie, pensait qu’une monnaie unique ne pouvait fonctionner qu’au sien d’une zone homogène ou alors en effectuant, au sein de la zone, d’importants transferts.
Sans aller jusqu’au détail de ce que le système de monnaie commune, et non unique, implique pour l’Allemagne en termes d’accumulation par sa banque centrale de créances dont elle ne verra jamais la couleur, soulignons que le différentiel bien réel de richesse entre l’Allemagne et les autres pays a rendu et continue de rendre les tentatives d’homogénéisation de la zone purement et simplement impossibles.
La crise Grecque et la très peu élégamment nommée « crise des pays PIGS » a eu au moins le mérite que des calculs ont été effectués, à l’époque. Ces calculs ont révélé que pour aider alors le Portugal, l’Espagne et la Grèce, l’Allemagne aurait dû être prête à transférer 260 milliards par an pendant dix ans, ce qui équivaut, uniquement pour aider ces quatre pays, à 8-9% du PIB allemand, pendant dix ans.
Ce n’est donc pas tellement que l’Allemagne ne VEUT pas aider, c’est qu’elle ne peut pas : une telle charge, qui donne une petite idée du montant de nos dettes étatiques qui, entre-temps, ont encore augmenté dans des proportions vertigineuses, est intenable.
Donc, les transferts n’auront pas lieu et, comme le pense Monsieur Stiglitz, on sait depuis lors avec une degré de certitude élevé que l’euro n’est pas viable. C’est peut-être cela qui explique que le « système bancaire européen n’a pas réagi aux crises des banques espagnoles, puis italiennes…
Quoiqu’il en soit, depuis qu’elle paie son gaz cinq fois plus cher que n’importe qui, ce qui n’est que le prix de ses choix politiques, l’Allemagne aimerait bien, elle aussi, dévaluer. Et la voici d’autant plus prise aujourd’hui à son propre piège que sa propre Cour Constitutionnelle lui rappelle aussi la discipline budgétaire à laquelle elle a si longtemps demandé aux autres de se tenir.
Autrement dit, aujourd’hui, les Allemands, qui tiennent l’UE et plus encore l’Euro ont, eux aussi, très fortement intérêt à quitter cette monnaie qui a tant profité à leur commerce extérieur. Et ils le souhaiteront d’autant plus quand, à leur tour, ils auront des gens dans la rue en train d’hurler parce qu’ils ont perdu leur emploi et que les Américains les aideront d’autant moins qu’ils les ont plus ou moins trahi et continuent plus ou moins à le faire, en continuant envers et contre tout à regarder vers la Russie et la Chine…
Mais ce ne sont pas forcément les allemands qui tireront les marrons du feu pour autant cette fois-ci.
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