M.Arnault se plaît à répéter qu’il est convaincu que, dans 100 ans ou plus, s’il est très possible que les évolutions technologiques rebattent les cartes des joueurs d’aujourd’hui, le luxe lui, sera toujours bel et bien là. Sous-entendu, avec son groupe en leader de la meute.
En d’autres termes, l’Empereur du Luxe suggère qu’il vaudrait mieux, dans une optique de long terme, acquérir des titres de LVMH plutôt que de Google ou d’Amazon, par exemple.
A ce propos, qui sait, en Occident, que la toute première galerie marchande virtuelle est… le Japonais Rakuten, et non le géant de Seattle dont on parle tant ?
Dans les années 80, quand ce pays achetait le monde entier au prix fort, il était impossible de lire quoique ce soit de plus ou moins économique sans que, tous secteurs confondus, il soit question à un moment ou à un autre de la domination du Japon.
Aujourd’hui, de ci, de là, il ne se trouve que quelques rares économistes, surtout macros, pour indiquer qu’il est plus que probable que le Japon en crise depuis un peu plus d’un quart de siècle préfigure à bien des égards ce qui attend le monde Occidental.
Or, le Japon n’est pas que le pays le plus âgé de la planète (40% de la population âgée de plus de soixante ans).
Non.
Avec un peu plus de 125 millions d’habitants, le Japon reste la troisième économie du monde. Son PIB est de 88% supérieur à celui de la France, mais le pays est surtout, et de très loin, le premier créancier de la planète, loin devant la Chine, et le premier propriétaire d’actifs à l’étranger : plus de 3.000 milliards d’actifs nets à l’étranger, contre un déficit net de 570 milliards pour la France. Le pays est cinquième à l’indice mondial de compétitivité (2018), sept places devant la France : il semblerait que son vieillissement n’entame guère son dynamisme.
La dette, 250% du PIB, la plus élevée du monde mais aussi la plus nationale (plus de 80%), n’empêche personne de dormir, peut-être précisément parce qu’elle est nationale et, comme on vient de le voir au paragraphe précédent, bien plus relative que les dettes Occidentales.
Le débat public est bien moins hystérisé que dans les pays Occidentaux, où l’on ne semble plus voir que les fractures.
Dans ce pays plutôt calme où c’est peu de dire que règne le consensus, pas de grève, tandis que ni les animateurs de télévision, ni les intellectuels, ni les bloggeurs, ni les vedettes de Tweet ne sont érigés en leaders d’opinion…
Et ce pays, qui ne cesse de fasciner l’Occident et qui reste un des tout premiers consommateurs de produits de luxe voit, dans ce domaine, ses mœurs évoluer très rapidement…
Pas certain que ces évolutions sociologiques rapides qui n’ont rien de seulement macro fassent les affaires de l’homme de Roubaix qui arrive toujours, mais pour combien de temps encore, à vendre des sacs en plastique au prix de l’or, surtout en Asie.
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