Glossaire: lettre « H »

Héros : pour faire un bon héros, il faut choisir un être avec une très bonne raison de se réparer, une résilience, un gros moins, qui doit être compensé par un gros plus. Derrière chaque héros, il y a souvent quelqu’un à qui on a répété : « Tu ne seras jamais bon à rien » et qui, ayant souvent pleuré seul dans son coin, s’est surtout dit, par esprit de contradiction : « Attends, tu vas voir ! ».  L’étoffe des héros est faite d’angoisse, de blessures et de désappointement et d’une très forte volonté de les surpasser, de les dépasser, de les transformer. Les gens heureux sont en général pour le statut quo. Ils n’ont pas de raison de vouloir autre chose. Ceux qui ont un fort sentiment d’injustice ou de dévalorisation, au contraire, ont plus souvent envie de se dépasser pour changer le cours même des choses. Avec les héros, on bâtit des légendes, et les légendes sont inspirantes. Avec des légendes inspirantes, on bâtit des nations de battants. A ce petit jeu, certains sont particulièrement doués, d’autres se laissent voler ce qui constitue leur âme collective et une source éternelle d’énergie créative. Pourquoi est-ce que j’en parle ici ? Parce qu’à mon sens, au jour où j’écris ces lignes, la « soft law » et les traités de libre échange relèvent de ce que certains ont appelé le « KulturKampf » (je vous laisse « googler » le sujet) et visent, à des fins d’efficacité commerciale, la « substitution culturelle » : le remplacement de certaines « légendes » par d’autres, en vue de formater des schémas de consommation, mais pas seulement. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à lire Fédéric Beigbeder qui, dans son livre « 99F », décrit avec un humour caustique le fait que, si les Etats-Unis dominent le monde, c’est surtout parce qu’ils maîtrisent la communication. Vous pouvez aussi vous souvenir que son avis est partagé par Jeremy Rifkin, citoyen américain devenu consultant en développement durable pour l’Union Européenne, très connu pour son ouvrage intitulé « la troisième révolution industrielle », dont le premier chapitre mentionne que les américains doivent leur succès à cette étrange capacité qu’ils ont à faire imaginer aux gens qu’ils sont déjà arrivés alors que le voyage n’a même pas encore commencé. Et pour ceux qui veulent vraiment creuser le sujet, un excellent ouvrage de synthèse, court, clair, très bien documenté et écrit : « Storytelling la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits ». Soignez vos légendes. Ne laissez pas n’importe quoi entrer dans votre esprit. Vous buvez du vin bio depuis que vous l’avez découvert et vous vous demandez comment vous avez pu ingurgiter autant de sulfites et de goûts standardisés pendant si longtemps ? C’est pareil.

Hénothéisme : voir à monothéisme

Héroïne : ex. : « cette fille est mon héroïne ». Si c’est le cas, le mot étant le même que celui d’une drogue aux effets dévastateurs, il est temps de se poser des questions. Peut-être que ça empoisonne, cause des « flashes » et qu’il est difficile de s’en passer. Est-ce que tout ça est bien sain ?