Posez la question à l’homme de la rue, il va vous « expliquer » que les dirigeants de grandes entreprises forment une élite mondialisée cosmopolite.
Lorsqu’on se penche sur les chiffres, on s’aperçoit que 90% des grands patrons et des milliardaires vivent là où ils ont toujours vécu, dans le pays où ils travaillent, dont ils sont originaires (source : étude de Monsieur le Professeur Michaël Hartmann, Professeur de Sociologie à l’Université de Darmstadt « Die Globale Wirtschaft-elite – éd. Campus).
Interrogez ni’mporte qui dans l’establishment, et il vous dira que les grandes sociétés sont gérées de façon beaucoup plus rigoureuse que les petites et qu’en outre, elles sont scrutées par tellement d’acteurs (auditeurs, actionnaires, autorités de marché) qu’elles représenteraient en quelque sorte un saint Graal absolu.
Permettez-moi d’en douter.
D’abord, je vous mets au défi de valoriser une société non côtée à des niveaux similaires à ceux des stars de la cote.
Ensuite, je vous défie, avec une société non côtée, d’expliquer tranquillement que, d’un point de vue strictement comptable, la valeur de votre société réalisée au doigt mouillé repose à 70% sur ses actifs immatériels tels que son « goodwill » et sa marque. Je vous souhaite bon courage pour faire gober ça à un acheteur potentiel issu de l’économie réelle.
Ensuite, l’an dernier, à cette époque, je vous recommandais un excellentissime roman, intitulé « Bad blood ». Le problème de « Bad Blood », c’est que c’est écrit comme un roman, mais que ce n’en est pas un. Une étudiante de bonne famille manifestement très charismatique se lance dans la biotech. Elle séduit son entourage et bien au-delà. Elle obtient le soutien pro-actif de personnalités telles que Kissinger (qui, décidément, depuis son idée de rapprocher les USA de la Chine…). Elle recueille des fonds, et des fonds et des fonds. Elle va devenir le nouveua Microsoft. Sauf que… tout est du flanc.
Ça peut arriver. C’est aux USA…
Oui, mais… En Allemagne aussi, on connaît des histoires similaires, plus récentes, et qui connaissent d’ailleurs des rebondissements. C’est le cas du scandale « Wirecard » : ils ont fait quoi les auditeurs, au juste ? Et les autorités de marché ?
Vous en voulez encore. J’ai mieux. Solutions 30. De quoi s’agit-il ?
D’un groupe informatique coté à la Bourse de Paris.
Je vais me répéter :d’un groupe informatique coté à la Bourse de Paris, et donc qui est sensé être ultra-régulé.
C’est un groupe qui, à l’instar de Wirecard, a vu sa valorisation exploser en quelques années à près de 2 milliards d’euros ; un groupe qui avait déjà subi les attaques de Muddy Waters pour son manque de transparence.
Muddy Waters est un groupe qui propose des « Due Dilligence » indépendante et, si vous voulez mon avis, ce genre de groupe est appelé à prospérer : ce n’est pas cet article qui risque de changer mon opinion sur le sujet.
Mais revenons à notre brave société cotée en bourse de Paris à propos de laquelle une société (réellement) indépendante basée dans un autre pays avait déjà tiré la sonnette d’alarme sans que ça semble émouvoir qui que ce soit : depuis quelques jours, Solutions 30 a fait l’objet d’une dénonciation à travers un rapport anonyme (très documenté et précis, semble-t-il) pour ses nombreux liens avec la mafia.
Malgré les démentis de la direction, les investisseurs paniquent et la valeur a perdu plus de 50% en quelques jours, 37% rien que pour la journée d’hier. Brutal.
Elles font quoi, au juste, les autorités de marché Américaines, Allemandes, Françaises, … ? Ils font quoi au juste les « auditeurs » des « big four » ? M’est avis qu’ils font peu ou prou partie de cet establishment décrit (avec précision et chiffres à l’appui) par le Prof. Doct. Hartmann et qu’entre amis… quand on n’est pas en train de sauver des banques, à tout le moins, on se tait ou on ne creuse pas trop.
Vu le nombre de constats qui vont dans le même sens en se multipliant, même si mon propos n’est pas dénué de jugement, loin s’en faut, il n’en relève pas moins d’une lecture factuelle qui mérite plus que sérieusement d’être prise en compte quand on investit.
Alors, de deux choses l’une à mon avis : soit on choisit d’investir dans des « blue chips » qui ont tellement d’actionnaires de grandes dimension qu’elles sont effectivement scrutées, soit on évite soigneusement ce qui est côté mais récemment,… coté « ma non troppo » … parce que manifestement, c’est peut-être encore plus dangereux que d’investir dans le non côté.
Ce n’est que mon avis. Quoique…
L’Institut Choiseul, en France, est un think tank indépendant qui a à sa tête un monsieur qui a été directeur des études économiques du groupe Total, conseiller du Ministre de l’Economie et des finances (E. Alphandéry), conseiller économique de Jacques Attali (j’adore cette idée de conseiller du conseiller… surtout celui-là), Directeur de la BNP à Moscou,… et ce Monsieur a fait réaliser un classement des 100 principales entreprises qui s’inscrivent, en France, dans une logique de conquête de leur marché.
Plus de 70% ne sont ni à Paris, ni même sur l’axe Paris-Lyon-Marseille. Elles sont ancrées dans leur région d’origine, elles aussi (Bonduelle dans le Nord, les laboratoires Boiron en Auvergne, Benéteau dans les pays de la Loire, Rémy-Cointreau en nouvelle Aquitaine, pour ne citer que des marques connues).
Certaines sont des leaders mondiaux de leur secteur (Bénéteau, par exemple).
Il y a, Dieu merci, des tas de gens qui font de l’excellent boulot, font avancer le monde et le font en générant de la vraie richesse. Ces gens et ces entreprises ne sont pas forcément dans le radar du commun des mortels.
Vous n’avez pas forcément les moyens de vous offrir les services d’une agence de « due dilligence » indépendante, quand vous investissez. Vous gardez, par contre, la faculté de réfléchir et d’observer le réel tel qu’il est et non tel que les médias de masse le déforment.